Assumer l’urgence écologique

[EXTRAIT – BORDEAUX EST AVENIR]

Dans un monde aux ressources finies, que la science ne pourra pas complètement remplacer, dans un monde habité par une population de plus en plus nombreuse, il faut accepter que nos modes de production et de consommation ne sont plus adaptés et qu’ils doivent être revus.

Nous devons prendre deux directions.

Première direction, réduire davantage le gaspillage, les déchets, la consommation d’énergie[1]. Pour cela entrons résolument dans une série d’actions connues et portées courageusement par certains élus et acteurs de terrain et intensifions les radicalement : en soutenant l’éco-conception, en développant la vente en vrac et toutes les formes de réemploi, de partage, de réparation, en rendant obligatoire la connexion entre déchetteries, collectes d’encombrants et réseaux de réemploi comme de réparation, en développant les plateformes collaboratives pour le prêt de matériel et en relançant la consigne à l’échelle locale (palettes, vaisselle, événementiel), en développant les « repair cafés », les « Fablab », qui ont une culture de l’ouverture fondée sur le partage des savoirs, des techniques, des plans de fabrication et de données, des « Act Lab » pour booster le réemploi de matériaux de construction, en contraignant à la réduction des déchets et en triant chaque flux de déchets séparément avec le déploiement de la collecte séparée des bio-déchets, en favorisant le compostage domestique et local notamment par la création d’une hotline, en créant des jardins de démonstration de compost, en formant le plus de gens possibles dès le plus jeune âge, former des bénévoles pour démultiplier la sensibilisation, en développant une tarification incitative pour récompenser les engagements citoyens positifs, en développant parallèlement une fiscalité contraignante pour ceux qui ne produisent aucun effort…

La bataille de l’énergie est de loin la plus essentielle. Embrassons complément le scénario Negawatt qui repose sur trois axes : la sobriété par la priorisation des besoins et services énergétiques essentiels, l’efficacité en privilégiant des choix énergétiques efficaces à la source, à l’usage, et le recours aux énergies renouvelables par la préférence systématique des énergies de flux aux énergies de stock.

Nos collectivités travaillent sur ces défis autour de l’isolation des bâtiments publics et privés, l’optimisation de l’éclairage public et des déplacements, la sensibilisation des ménages aux économies d’énergie et le développement des modalités alternatives. Intensifions nos démarches en communiquant de manière toujours plus offensive et massive sur la réalité de nos dépenses énergétiques individuelles et collectives. Cela dépend considérablement de l’Etat et de l’émergence d’un vrai plan Marshall, sans cesse repoussé. En revanche, les chantiers d’incitation aux économies d’énergie sont à la portée de l’action municipale et dépendent de l’efficacité de notre communication, de nos formations et de notre information. Continuons à prendre des décisions toujours plus courageuses sur le développement des mobilités douces.

Deuxième direction, intensifier l’occupation en poly-usage des bâtiments existants. En effet, pourra-t-on construire autant d’écoles, de crèches, de maisons de retraites, qu’auparavant proportionnellement à un nombre croissant d’habitants ? Non, nous ne pouvons pas financièrement et spatialement construire comme durant les 30 dernières années. Il faut trouver de nouvelles manières de répondre à des besoins mécaniquement croissants : nos écoles, nos crèches ne sont pas occupées 24 heures sur 24, ni 7 jours sur 7, ni même 365 jours sur 365. Travailler sur du poly-usage revient à faciliter aussi la mixité sociale et pourquoi pas fonctionnelle. Il s’agit d’appréhender nos bâtiments publics et nos terrains définitivement autrement en envisageant des installations provisoires, voir éphémères, en tout cas évolutives. Il faut, à grande échelle, réfléchir à ce type de perspectives.

Les préfabriqués, lesquels, contrairement à ce qui se dit, peuvent être de haute qualité, en termes de design, d’isolation, de luminosité et les constructions modulaires en bois, pourraient nous permettre, à moindre coût, d’accompagner au plus juste les besoins des publics. Présentés comme des solutions au rabais, ils n’incarnent pas l’innovation. Il le faudrait pourtant. Il faudrait que ce débat des préfabriqués nous permettre d’animer des échanges avec les citoyens sur le partage et l’adaptabilité des locaux. Nous devons, nous, collectivités, donner l’exemple et faciliter chaque fois qu’on le peut, les rapprochements, les usages multiples en garantissant une prise en charge des risques partagés. Les citoyens eux-mêmes sont directement conduits à réfléchir à ces solutions nouvelles qui leur permettent de choisir par exemple l’évolution de leurs logements et de réduire le coût de cette évolution. De plus en plus, on est capable de promettre du sur-mesure mais une question demeure : à la mesure de qui ? L’intensité d’usages plutôt que la densité, le réversible et le précaire plutôt que la solution en dur sont des voies à emprunter résolument collectivement.

[1] Propositions issues de l’ouvrage, Le scénario Zero Waste – Zéro déchet, zéro gaspillage

… La suite mercredi prochain

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