Vidéosurveillance : la panacée ?

[EXTRAIT – BORDEAUX EST AVENIR]

Les rassemblements de jeunes sur des parkings, des places, dans des halls d’immeubles, génèrent souvent un sentiment d’insécurité. L’incivisme – insultes, crachats, déchets, bruits, rodéos urbains – peut conduire à une tension telle dans un quartier que le dialogue devient impossible. Les lieux sont alors désertés par les habitants et suroccupés par ceux qui les auront fait fuir par leurs comportements. Le recours à la caméra est présenté assez souvent comme le remède par les riverains exaspérés : un remède qu’on leur « doit » parce qu’ils paient des impôts. Les citoyens ne discutent plus quand il s’agit de leur sécurité, ils exigent de leurs élus locaux qu’ils la leur garantissent.

La vidéosurveillance, cet outil de plus en plus répandu, à Bordeaux moins qu’ailleurs, permet de capter les images et certaines d’entre elles constituent des preuves qui mettent fin à des délits ou évitent qu’ils ne s’en commettent de nouveaux. Le poste de vidéosurveillance permet un visionnage 24 heures sur 24 de tous les secteurs potentiellement dangereux : quand des situations apparaissent menaçantes, une équipe de police peut intervenir immédiatement ou quasiment.

L’utilité des caméras ne devrait plus se discuter, elles constituent une vraie mesure de prévention par la dissuasion et un support de répression, mais seule, une caméra ne règle pas grand-chose. C’est en l’alliant à d’autres dispositifs de prévention et de répression qu’elle peut avoir un véritable impact. La pose d’une caméra fait baisser la pression mais rien n’est réglé en profondeur. Le problème est juste déplacé. C’est inéluctablement dans un autre secteur, parfois à quelques centaines de mètres, qu’on retrouvera les fauteurs de troubles. Ceux-là, en l’occurrence, commettent le plus souvent des actes d’incivisme qu’ils répètent à l’envie sachant pertinemment qu’ils risquent au pire une succession de contraventions. Les pouvoirs publics sont alors taxés d’impuissance et de laxisme.

Depuis quelques années, des Zones de sécurité prioritaire et des Groupes locaux d’intervention ont été créés par le Gouvernement et le parquet, tous avec le même objectif : travailler de manière transversale dans l’hyper proximité et avec de l’hyper réactivité pour des frappes chirurgicales. Les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des attendus car les moyens déployés permettent de mettre un terme, dans le secret des enquêtes policières, à certains trafics mais peuvent difficilement stopper les fameux actes d’incivisme. Il faudrait, pour y arriver, que des dispositifs de dissuasion soient établis définitivement sur site, ce qui poserait la question de l’hyper sécurisation de nombreux lieux ; impossible aujourd’hui en termes de ressources humaines, dérisoire si le problème n’est pas traité à la racine et liberticide pour tous les habitants.

A l’échelle d’une ville, beaucoup de situations à risques peuvent être prévenues et relativement amorties par une présence accrue d’équipes pluridisciplinaires sur le terrain avec la plus large palette de réponses possibles. Il faut aider les habitants à réinvestir tous les lieux confisqués par des bandes : événements culturels, conviviaux, marchés, et en veillant à ce que ceux qui génèrent le trouble se sentent concernés, si possible acteurs. Ce que nous devons avoir clairement à l’esprit c’est que la mise en sécurité ne se fait pas exclusivement par des machines ou par des dispositifs de police : elle dépend de multiples facteurs issus de toutes nos politiques publiques de soutien aux familles, à la santé, à l’exercice de la citoyenneté de tous. Être sécurisés individuellement dans ses besoins fondamentaux contribue à la sécurité collective.

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