[EXTRAIT – BORDEAUX EST AVENIR]
La jeunesse fut de toutes les attentions électorales aux dernières présidentielles. Elle est aujourd’hui une des catégories les plus en désespérance, littéralement coupée de nos débats. La nuit reste l’un des seuls territoires physiques, temporels, symboliques et réels qui lui appartient encore. La fête est une opportunité formidable de se retrouver, de partager, de laisser libre cours à ce que nous sommes profondément. Assumer le fait que la fête est une chance et un rituel indispensable est nécessaire. Associer les jeunes à la réflexion de ce qui se joue et se pratique la nuit serait un bon moyen de nous reconnecter avec eux.
Nous devons évidemment aussi les protéger ; ce qui m’amène à faire deux réflexions. Protéger les gens doit, à chaque fois que possible, se faire avec eux. Les acteurs de la prévention font un travail remarquable d’approche de la jeunesse sans porter de jugement pour parler de leurs pratiques. C’est tout un art : demander par exemple par campagne d’affichage « Qui ramène qui ? », plutôt que de dénoncer l’hyper alcoolisation, évoquer le risque de maladies sexuellement transmissibles en distribuant gratuitement des préservatifs, susciter l’envie de parler de ses addictions en donnant la possibilité d’écrire ses rêves et angoisses sur des affiches au sol, comme un jeu… sont des actes de mise en confiance pour protéger. La prévention est vitale, les moyens qui y sont consacrés doivent être sanctuarisés.
Ici, plus qu’ailleurs, la relation humaine est essentielle. Protéger les gens passe aussi par notre dispositif de surveillance sur l’espace public, allant de la vidéosurveillance à la présence de jeunes en service civique réalisant des maraudes. A trop vouloir interdire la fête dans l’espace public, on condamnerait ceux qui la feront dans des espaces privés à être potentiellement en danger, sans aucune visibilité ni protection. Il faut permettre à chacun d’acquérir des repères pour réduire les risques et développer une véritable culture de la prévention. L’enjeu est de pouvoir considérer le plaisir en réduisant ces risques pour tendre vers des nuits de qualité.
… La suite mercredi prochain
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2 réflexions sur “La nuit de notre jeunesse”