[EXTRAIT – BORDEAUX EST AVENIR]
A Darwin, on est sensé privilégier le covoiturage, le vélo, la marche à pied, les transports en commun. La Fête du vélo y est d’ailleurs désormais organisée en tant que lieu emblématique. Le Plan de déplacement des employés de Darwin a été maintes fois primé. Cet effort collectif en faveur des déplacements doux contribue à l’objectif des créateurs du site de réduire drastiquement la consommation d’énergie.
Chaque darwinien peut, grâce à l’application MIUSEEC (Métrologie Intelligente des Usages pour la Sobriété Energétique et les Eco-Comportements), connaître sa consommation d’énergie pour la réguler en en ayant pleinement conscience, laquelle énergie en outre n’est pas d’origine nucléaire. Ils ont un recours massif aux énergies renouvelables grâce à la coopération citoyenne Enercoop et à l’auto consommation d’énergie au sein du Magazin général dont la toiture photovoltaïque permet de couvrir environ un tiers des besoins d’électricité du site. La bataille de l’énergie est livrée dans ce lieu inédit : c’est pour moi la première exemplarité du phénomène Darwin.
Cette question de l’énergie est aujourd’hui insuffisamment mise en avant comme chantier vital auprès des citoyens, par nos institutions et nous, les élus, alors que l’énergie est la clé de tout. Après la mode des cartographies thermiques, après le lancement de nombreux dispositifs spécifiques de lutte contre la précarité énergétique et la mise en avant des constructions nouvelles basse consommation voire à énergie positive, il y a eu un essoufflement. Il n’y a pas eu de plan Marshall pour la rénovation des bâtiments. Ce qui existe ne suffit pas à traiter les passoires énergétiques. Dans la plupart des cas, même en additionnant toutes les aides des institutions, le reste à charge pour les particuliers est encore trop important à assumer.
Par delà la question de la rénovation stricto sensu et de sa production propre, il y a surtout celle de la maîtrise de la consommation, de sa réduction à la source car nous sommes de plus en plus nombreux, de fait, nous consommons toujours plus. Les compteurs LINKY, mis en place par EDF, sont perçus soit comme des solutions miracles avec des techniques à la pointe de la technologie, soit au contraire comme la preuve d’une perte d’autonomie des citoyens puisque la maîtrise des compteurs se ferait par une machine. Ce débat brûlant révèle un fait simple : la baisse de consommation énergétique viendra avant tout d’une prise de conscience de nos capacités et volontés à l’enclencher définitivement. Il ne s’agit pas seulement de produire de l’énergie propre mais aussi d’en consommer de moins en moins. Cette nécessité ne devant surtout pas être caricaturée mais au contraire débattue, avec beaucoup de pédagogie et de responsabilité.
Nous avons déjà consommé plus de la moitié des réserves de pétrole récupérables sur la Terre entière. Depuis 1980, la découverte de nouveaux gisements ne compense pas l’augmentation de la demande. Le constat sur nos ressources en pétrole est parfaitement éclairant : alors même que le gaspillage d’énergie est colossal, on les estime à 60 % de la consommation mondiale. Le temps de l’énergie facile est révolu. Plus généralement, 80 % de l’énergie primaire mondiale est toujours produite à partir de sources fossiles. La part mondiale des sources renouvelables s’est certes accrue ces dernières décennies jusqu’à environ 13 % de notre production actuelle de la consommation mondiale, devant le nucléaire 7 %. Entre pollutions et pénuries, notre avenir dépend de la baisse de notre consommation d’énergies. Darwin nous montre la voie.
… La suite mercredi prochain
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2 réflexions sur “Quelle énergie !”