[EXTRAIT – BORDEAUX EST AVENIR]
Les fondateurs de Darwin ont négocié, comme cela arrive dans d’autres secteurs de la ville, des AOT – Autorisation d’occupation du territoire – auprès de l’aménageur en attendant que le projet urbain du secteur aboutisse. Ils ont choisi sur ces AOT de donner l’opportunité à des associations d’occuper des parcelles pour leurs activités : réparation de vélo, aquaponie, recyclage et réemploi… C’est aussi là qu’ils font une partie de leurs événements et conférences. Cette utilisation de terrains publics ou parapublics, par des entrepreneurs sociaux ou des associations, est un véritable enjeu et un casse tête administratif. C’est pourtant un moyen efficient d’exploiter les espaces urbains provisoirement libres de plus en plus rares. C’est une forme de partenariat public-privé éphémère fécond, franchement alternatif et potentiellement polémique. C’est surtout, et peut-être avant tout, le symbole et la preuve de la confiance que nous devrions pouvoir toujours donner à ceux qui veulent développer des formes d’autogestion collective porteuse de lien social. Le fait de mettre des espaces à disposition de collectifs, de citoyens, et de considérer que l’éphémère est une voie à emprunter, sont deux éléments d’autonomie qui méritent un vrai soutien de nos institutions. Pierre Rosanvallon, avec ses autoservices citoyens, évoque une idée similaire : l’auto service associe des citoyens de manière spontanée sous le regard bienveillant de la puissance publique, voire avec son soutien.
La Halle des Douves, en gestion conjointe entre la ville et une association, préfigure une première étape de ce que cela pourrait être. Je crois que nous pouvons aller plus loin et appréhender notre patrimoine public en le mettant à disposition, avec des règles évidemment précises, notamment autour du respect des principes républicains.
A l’heure où Airbnb, Blablacar et d’autres se développent à vive allure, démontrant le désir des citoyens de faire hors des cadres et des systèmes, nous aurions intérêt à accompagner ce désir et à en retirer toute la valeur réformatrice. Évidemment, cela doit se faire dans le cadre d’un débat profond et transparent : l’autonomie doit se conjuguer avec le respect des communs et ne doit pas générer des inégalités toujours plus fortes en permettant aux plus forts et aux plus malins de faire sans se soucier du collectif. L’autonomie doit au contraire permettre à chacun de développer ses capacités, d’expérimenter, d’oser sans avoir à demander la permission pour tout à l’institution au point de dénaturer, le plus souvent, l’ADN des projets pensés et soumis.
… La suite mercredi prochain
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