Le retour de l’homme libre

[EXTRAIT – BORDEAUX EST AVENIR]

La campagne d’entre deux tours fut clivante. Sur les réseaux sociaux, quantités de personnes déversèrent des informations outrancières et persiflèrent à l’envi. Le résultat fut sans appel, le discours d’Alain Juppé sobre. Je retins qu’il terminait la campagne comme il avait voulu la vivre, « en homme libre ». Il rentrait au bercail et il y avait beaucoup à faire. Il redevenait maire et président de la Métropole jusqu’à 2020 à temps plein.

Je fus très surprise que des scénarios pour l’avenir soient encore présentés dans les médias pour Bordeaux, alors même que nous venions tous de recevoir la même leçon : tout ne se passe pas toujours comme prévu, ce sont bien les citoyens qui décident. L’équipe municipale continuerait à travailler d’arrache pied au plus proche des réalités. Rien d’autre, à ce moment là, n’était plus sensé.

 

                Penser et agir

La course pour les présidentielles allait peut-être définitivement nous plonger dans la surenchère médiatique : les élus comme les célébrités, les petites et les grandes, en sont les victimes et les bourreaux les plus spectaculaires. L’obsession de l’image et des chocs émotionnels qu’on cherche à soutirer auprès du public s’imposent désormais à chacun de nous.

« Ne publie plus de photos avec ce demi-sourire », « Arrête de donner des avis trop consensuels », « Tu ne clives pas assez ». Que n’ai-je pas entendu si souvent de la bouche de certains de mes amis coutumiers de la vie politique et des rapports de force classiques ? La notoriété ne se construit, dit-on, que par la force de votre capacité de clivage et de storytelling, grâce à des mots qui claquent, qui envahissent les écrans et les cerveaux gauches. Les articles les plus lus, les photos les plus likées, les réactions les mieux mémorisées révèlent une forme de violence. Le goût du sang, de l’affrontement, est un puissant moteur de notoriété. Et pour peu qu’il se conjugue avec de l’hyper simplification, vous aurez toutes les chances d’être entendue. Le clivage mis en scène, sans confrontation réelle de visions de la société, détruit le débat. L’obsession de dire et de faire immédiatement interdit parfois celle de penser. En plein changement de civilisation, ne plus penser est pourtant fatal. Revendiquer de vouloir le faire peut même être moqué. Au puissant breuvage des images, des formules chocs et des scénarii ficelés, je préfère prendre le temps d’exposer une pensée.

Raconter et se raconter est une nécessité dans certains cas. L’écrit est un exercice exigeant, il laisse une trace qui s’interprète souvent sans son auteur et sur une période illimitée. Mais il offre aussi, à celui qui l’a décidé, par son écriture ou par sa lecture, de nouveaux horizons.

La suite mercredi prochain

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