[EXTRAIT – BORDEAUX EST AVENIR]
Dimanche 20 novembre. Bureau de vote de Saint Augustin. Premier tour des primaires. Nous ne nous attendions pas du tout à cette foule. Elle est arrivée en masse, silencieuse mais résolue dès 10 heures du matin. Elle n’a jamais reculé devant les deux heures d’attente pour voter. Submergés par cette attractivité inattendue, nous exécutions, la présidente et les assesseurs dont j’étais, l’enregistrement mécanique des votes. Certains électeurs étaient furieux. Ils avaient dû faire deux ou trois bureaux différents avant de trouver celui où ils pourraient voter. L’ambiance, sans être électrique, était extraordinairement sérieuse. Bordeaux se distinguera par une participation élevée de plus de 20 %, contre 9 % en moyenne au niveau national, et un vote massif pour Alain Juppé, avoisinant les 60 %. Le lendemain matin, la carte de France a révélé la météore Fillon comme leader du premier tour sauf en Gironde et dans le 18e arrondissement de Paris, deux territoires ayant été dirigés quotidiennement par Alain Juppé.
Nous fûmes transis à partir de cette annonce et totalement engagés, durant la semaine entre les deux tours, pour entourer le candidat Alain Juppé. « J’ai décidé de continuer le combat », ces quelques mots dans son discours après les résultats du premier tour ont suffi à nous remettre en mouvement. Une bronchite sinusite me prit le corps violemment : mon corps réagit donc à sa manière pour digérer l’événement. C’est dans la difficulté que se mesure la sincérité des soutiens. L’absence d’Alain Juppé de nos vies ces derniers mois n’entachèrent pas notre volonté de lui témoigner notre affection et notre attachement.
150 Bordelais vinrent l’applaudir à tout rompre à Toulouse pour son meeting d’entre deux tours. Isabelle prit la parole : les trois sujets de fond qu’elle choisit de développer étaient ceux qui justifiaient mon engagement aux côtés de son mari. Elle aura été celle par laquelle mon aventure politique fut enclenchée. Transition écologique, révolution numérique, cohésion sociale, à travers son pilier de l’égalité homme-femme, furent ses fondamentaux ce soir-là. Elle a toujours été sa conseillère la plus influente. Il avait abordé ces enjeux tout au long de cette campagne, ce qui le distinguait des autres compétiteurs de la primaire.
Mais le système politico-médiatique n’en avait pas fait l’alpha et l’omega des débats autour des programmes, lesquels n’y consacraient d’ailleurs que des rubriques alors qu’ils m’apparaissaient, moi, matriciels. La dynamique inquiétante de paupérisation de nombreux Français ne fut pas abordée autrement que par rapport aux contre parties attendus des minimas sociaux. Le rapport du secours catholique, le lancement de la énième campagne des Restos du cœur furent traduits par une position commune des deux finalistes : sortir de la précarité passerait par le plein emploi donc par l’allégement des charges et la réduction de la dette publique. Les travaux de notre groupe parisien constitué pour la campagne d’Alain Juppé, ne furent pas repris, don’t act. Ils resteraient des éléments forts de mon engagement politique personnel, autant que l’était ma loyauté à ce serviteur de l’Etat, davantage encore pour les derniers jours de ce long voyage médiatique au sommet de nos institutions.
… La suite mercredi prochain
Retour à l’extrait précédent
2 réflexions sur “La foule inattendue”