[EXTRAIT – BORDEAUX EST AVENIR]
En 2010, Alain Juppé m’a choisie pour seconder Xavier Darcos en Gironde aux élections régionales. C’était ainsi, il décidait qui serait numéro 2 après avoir adoubé la tête de liste. Il m’en a parlé en marchant dans la cour de l’hôtel de ville ; moi enthousiaste et toujours reconnaissante, lui calme et concentré. La presse me croqua comme une nouveauté, j’en étais une : d’étoile montante à simple consommable ; chacun pouvait parier sur la suite.
Numéro 2
Vu par la presse. Laurent, journaliste pour la télévision, m’a invité à prendre un café, curieux de m’entendre, de me jauger. C’est son job, c’est un « pro », un présentateur de télé. Ses mots sont cinglants, il a l’habitude de boucler un sujet en trois minutes d’antenne et de démarrer ses conversations par une question saisissante. Il n’y aura pas d’exception avec moi : « Ca fait quoi d’être numéro deux sur la liste des régionales, sous les feux des projecteurs, et de savoir pourtant que plus personne n’est capable de se rappeler qui était le numéro deux lors des dernières élections ? ». VLAN. Il observe si mon menton s’est écroulé à la fin de sa phrase ; je crois que non. En revanche, j’ai, depuis, toujours gardé les pieds sur terre.
Sud-Ouest titre « L’inattendue », avec une photo que je n’aurai pour rien au monde choisie si j’avais pu. C’était il y a six ans, en 2010. Cet article figure toujours parmi les plus téléchargés quand on me googlise. La réputation numérique d’un élu est rarement construite, en tout cas certainement pas anticipée pour la plupart d’entre nous. C’est d’ailleurs ce qui distingue les catégories d’élus. Certains sont des spécialistes du storytelling. C’est un avantage qu’on peut critiquer sur le fond mais qu’on ne doit surtout pas mésestimer. Les élus se racontent peu en général : il le faudrait pourtant, sans dévoiler leur intime.
Vu par d’autres élus. D., adjoint au maire depuis quatre mandats et conseiller régional depuis deux, est dans le bureau du maire. Il va apprendre le nom de la personne qui sera le numéro deux. Il sait que ce sera forcément une femme. On lui donne mon nom. Il demande « De qui s’agit-il ? ». C’est pourtant mon collègue à la mairie depuis trois ans ! Très vite ça lui revient ! Seulement voilà, il ne s’y attendait tellement pas.
… La suite mercredi prochain
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2 réflexions sur “Les régionales : la leçon magistrale”