Je suis trésorière de la Mission locale de Bordeaux. J’y vois de très près deux phénomènes contradictoires communs à beaucoup d’autres organisations.
Les Missions locales, qui accompagnent les jeunes de 16 à 25 ans éloignés de l’emploi, se sont vues confiées des responsabilités de plus en plus importantes par les institutions avec des budgets en augmentation. Mais ces budgets correspondent à des dispositifs (PASSEA, Contrats d’avenir, Garantie jeunes…), sans cesse modifiés, souvent à chaque changement de majorité, voir de ministre. Le niveau de contraintes lié à ces dispositifs va également en croissant.
Il s’agit pour les personnels de la Mission Locale, de recevoir des jeunes souvent déboussolés et de les faire entrer dans des cadres très précis, de garantir qu’ils y resteront et qu’ils réussiront, sans quoi le budget n’arrivera pas, sans quoi les salaires de leurs accompagnants pourraient ne pas être honorés.
Les équipes des Missions locales doivent donc faire toujours plus dans une injonction paradoxale. Ecouter, entendre les jeunes, faire du sur mesure, mais les faire entrer dans des parcours hyper précis au millimètre, sous risque, en cours d’année de ne pas être subventionnées pour le travail d’accompagnement engagé.
Quand ça marche, c’est formidablement porteur. Quand ça ne marche pas c’est formidablement perturbant pour les jeunes, pour les salariés et pour la structure qui paie cash le prix de cet « échec ».
Au-delà de la recherche d’efficacité qui ne peut en aucun cas être remis en cause, il y a une double question qui doit nous tarauder. Nos jeunes sont-ils mentalement tous structurés pour rentrer dans des cases aussi parfaites ? Et les salariés engagés dans ces structures peuvent-ils tenir durablement dans ce type de dynamique de projets, continument renouvelés avec exécution uniformisée, en plein contexte de boom démographique avec une jeunesse sous perfusion numérique ?
Lucidité, confiance, courage et plaidoyer, ce sont les 4 mots de ma conclusion lors de l’Assemblée générale de la Mission Locale, à l’adresse du personnel et des partenaires : lucidité sur les défis en cours, confiance dans la capacité de notre territoire à générer des opportunités, courage pour bousculer nos pratiques et plaidoyer pour faire entendre notre besoin de stabilité, de souplesse, de soutien. « Au moment où l’on nous parle d’un souffle nouveau au sommet de l’Etat, nous devons faire entendre notre profonde respiration d’acteur de territoire.
Il serait intéressant que la mission locale prenne contact avec les Op afin de mieux connaître les Metiers .. et d’organiser des sortes d’immersion dans les écoles afin de mieux faire découvrir le métier choisi .. beaucoup de jeunes sont déçus quand leurs choix ne sont pas retenus … mais beaucoup de jeunes ne correspondent pas au profil de la profession …
J’aimeJ’aime