Le pourcentage inédit de votes blancs, nuls, d’abstention et de votes extrêmes à l’occasion du deuxième tour de nos élections présidentielles traduit le malaise profond de notre société. Colère et souffrance sociale le font vivre et l’épaississent chaque jour.
La somme des chantiers du nouveau Président de la République est vertigineuse. Les populations se sentant dépréciées et/ou oubliées, sont particulièrement concernées par chacun d’eux. Je veux vous parler dans ce post de ceux que je côtoie dans mon mandat d’élue locale.
Dans nos banlieues, dans nos quartiers populaires, nous attendons tous la concrétisation du discours d’ARAS. Emmanuel Macron disait alors vouloir multiplier par deux les budgets Politique de la ville, autrement dit l’enveloppe dédiée à ces territoires dits fragiles par le cumul des difficultés vécues par les habitants. François Hollande avait divisé par deux le nombre de bénéficiaires ce qui s’était très sévèrement traduit à Bordeaux par une chute violente de 47 000 à 17 000 destinataires accompagnés par ces crédits spécifiques. Le quartier des Aubiers, dont le revenu fiscal moyen des habitants avoisine les 500 € mensuels n’avait alors pas été retenu comme un projet de renouvellement urbain d’intérêt national !! C’est dire…
La Politique de la ville pilotée par la Métropole dans sa dimension stratégique-ingénierie, n’a pas comblé financièrement les baisses des budgets de l’Etat entre autres. Certes il y a une dynamique nouvelle : une plus grande participation des habitants (Conseils citoyens, marches exploratoires de femmes, réforme de la Taxe foncière sur les propriétés bâties – TFPB -…), certes il y a une rationalisation des budgets qui oblige à plus de transversalité grâce au mode projet et à des évolutions de compétences métiers (plus de médiation, ouverture à l’économie sociale et solidaire…), mais les habitants restent en grande difficulté et de nombreuses structures associatives sont devenues hyper-fragiles. Le risque d’une mise à mal de la cohésion est important. Monsieur Borloo fut le seul homme politique d’envergure à avoir porté une vraie vision d’accompagnement des habitants dans les banlieues. Il faut retrouver cet élan et l’adjonction de budgets n’y suffira pas sans nouvelle grande ambition structurelle :
- Une présence intense des services publics grâce a la réaffectation de nos fonctionnaires : vaste plan de formation pour les aider à être plus agiles, plus productifs, plus heureux.
- Une simplification à outrance des dossiers : démarches qui tuent le quotidien des bénéficiaires et de ceux qui les accompagnent.
- Une lutte acharnée contre la fracture numérique : déploiement massif de médiateurs sur place en pied d’immeubles.
- Une formation du personnel associatif, un accompagnement des acteurs vers les modalités de financement participatifs et les logiques d’ESS.
- Le déploiement de nouvelles zones franches.
- Le développement des écoles ouvertes.
- La création d’un 1% culturel dans les banlieues et le développement d’un plan d’accompagnement des droits culturels… .
En attendant à Bordeaux, au travers de notre Pacte de cohésion sociale et territoriale, nous avons expérimenté et mis en oeuvre nombre de ces propositions. L’appel à projets à innovation sociale et territoriale est un des outils qui le permet. Mardi, au Conseil municipal de Bordeaux, j’ai présenté le résultat de notre première programmation pour 2017*, validée à l’issue d’une vaste concertation avec l’ensemble des acteurs de terrain, des partenaires et des représentants des Conseils citoyens.
Il faut s’appuyer sur ce qui se fait au cœur des territoires, ici à Bordeaux et un peu partout dans notre pays. Entendre le terrain et lui redonner du souffle autant que du sens et de la vision