[EXTRAIT – BORDEAUX est AVENIR]
Lors de porte-à-porte. « Non, je ne sais pas qu’il y a bientôt des élections et ça n’a aucune importance de toute façon les élus ne servent à rien ! », « Les élections municipales, mais je ne vote pas moi à ça ! », « Je ne voterai plus jamais pour vous, vous n’avez jamais fait la piste cyclable que je demandais pour mes enfants. », « Je vote pour vous depuis toujours, je n’ai jamais raté une élection moi madame, je vote à chaque fois à 8h10 pétantes ».
C’est au cours de cet exercice qu’on voit le nombre assez faramineux de personnes vivant dans une certaine solitude et dans une assez grande vulnérabilité : les personnes âgées, une fois dépassée la crainte, aiment parler, les désœuvrés sont assez agacés, prêts à grogner, les jeunes retraités ont souvent beaucoup à dire… On apprend forcément derrière chaque porte : le désamour des élus en général est parfaitement clair. Mais globalement, la campagne pour les municipales d’Alain Juppé, et donc le tire sonnettes, aura été un exercice assez facile. Tout le monde connaît ce maire charismatique et finalement rares sont ceux qui ne se sentent pas du tout concernés par les élections municipales. De fait, le contact est souvent positif.
Une grande famille et des invités surprise
J’ai profondément aimé, pendant toute cette campagne, découvrir cette société secrète de militants et de sympathisants qui s’activent autour des candidats comme si leur vie en dépendait : ils applaudissent dans les meetings, distribuent, collent, téléphonent, soutiennent sans relâche. Sans eux, sans leur enthousiasme, sans leur gentillesse, sans leurs efforts physiques, rien de tout cela ne serait possible. Ce sont eux qui donnent à ces aventures leur dimension humaine, chaleureuse, sincère. Ils sont discrets, aimants, généreux, présents pour nous et profondément loyaux. Ils sont la famille des candidats : une grande famille fidèle à chaque rendez-vous électoral. La presse, pour qualifier les campagnes, est très sensible à cette atmosphère familiale. La joie autant que l’intensité de la mobilisation des membres sont parfaitement révélatrices de la dynamique générale. La maison commune, le local de campagne, est un lieu en mouvement dans lequel chacun s’affaire : on reçoit, on pilote, on donne à voir sans pouvoir maquiller l’état d’esprit, le ton, l’ambiance. Le directeur de campagne est maître de la sémantique qui se diffusera en se répétant dans les communiqués de presse, dans les prises de parole du champion comme de sa troupe, de chaque membre de la famille. Alain Juppé s’appuie sur ces fidèles pour chaque campagne et il y fait entrer systématiquement de nouvelles personnes dont il se nourrit pour apparaître différent. Il a cette qualité, qui ne lui est pas aussi justement reconnue qu’elle le mériterait : il a la curiosité des mécaniques intellectuelles différentes de la sienne. Par delà l’obligation de proposer de nouveaux visages, de démontrer, grâce à cela, sa modernité, il a le goût de la nouveauté de ce qui peut lui faire faire un pas de côté, de l’extraire de sa cour, de sa zone de confort.
… La suite mercredi prochain
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