Prendre soin de la parole

Le printemps nous réchauffe : il se rappelle à nous en cette fin d’après-midi à Bacalan. Je rejoins un groupe d’habitants, pas tous engagés dans le milieu associatif pourtant très puissant dans le quartier. Ils ont tous été volontaires pour constituer un Conseil citoyen. Ce nouvel outil de démocratie participative est une incitation de plus à associer les citoyens à l’élaboration des politiques publiques.

Aucun élu, en particulier dans notre ville, ne ménage ses efforts pour se mettre en situation de tout entendre… parfois même au risque de devenir otage de citoyens consommateurs, exigeant des réponses immédiates à chacune de leurs demandes et taxant leurs élus de déconnexion sévère.

Le Conseil citoyen, organisation autonome dont l’avis est obligatoire dans un certain nombre de projets, sera ce qu’en feront ses membres, volontaires ou tirés au sort, devenus convaincus. Ici à Bacalan, terre d’engagement total s’il en est, le Conseil citoyen a pris son envol : ses membres participent au plus grand nombre de réunions possibles. Ce soir là, ils organisent une sortie de terrain, une marche selon un parcours qu’ils ont choisi. Nous nous arrêtons chaque fois qu’ils estiment avoir des choses à dire sur ce qui va bien, sur ce qui ne va pas ou plus.

Nous voilà marchant à pas lents dans une convivialité sérieuse. La parole est libre, très facile à faire circuler. Le fait de marcher empêche l’angoisse, le fait de montrer ce dont on parle interdit le fantasme ou l’esquive, le fait de dialoguer sans urgence nous protège de la mauvaise fois ou des incompréhensions réciproques. La grosse dizaine de personnes impliquées dans ce conseil, aimant leur quartier profondément, désireux de comprendre, de proposer, d’alerter, m’auront donné à comprendre des tas de choses ce soir-là.

Ces échanges directs valent mieux que les séances en salle de réunions avec des dossiers parfaits mais souvent abrupts, désincarnés car respectueux d’une neutralité rigoureuse. Tout ne peut pas se traiter comme cela, bien entendu, mais cette évidence de parler de ce que l’on connaît en l’ayant vu avec ceux qui le vivent est complètement comprise par les élus locaux, même si elle est diversement mise en œuvre et selon des postures multiples : décideur omniscient, animateur souple ou spécialiste de synthèse médiane…

Les citoyens ont besoin que leurs élus éprouvent avec eux leurs quotidiens ; et l’inverse est vrai. Cette balade m’a permis de connaître ce secteur comme jamais avant, leurs mots sont gravés… Je crois profondément en la démocratie collaborative en ce mouvement de la société civile à transmettre leur réalité, leur pragmatisme et leurs projections.

 

3 réflexions sur “Prendre soin de la parole

  1. MME BOUSSELY dit :

    Bravo Madame Siarri, j’ai participé à la balade en tant que représentante du Conseil Citoyens de Bacalan, mais ce commentaire je le laisse en tant qu’habitante de Bacalan, j’avais déjà entendu parler de vous mais je ne vous connaissais pas personnellement et là je dois dire que j’ai été bluffé. Une petite dame toute souriante simple et naturelle arrivant sur son vélo et discutant avec nous avec une telle énergie, je me suis dit ah oui, cette femme là on a envie de travailler avec elle, d’échanger avec elle et d’essayer de trouver des solutions pour notre quartier que l’on aime tant.
    Je pense qu’elle saura faire passer les messages comme nous nous essaierons de rapporter aux mieux la parole des habitants.
    Bonne continuation Madame…..

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