Karine et Marie-Do nous accueillent avec un sourire qui dit tout, en une fraction de seconde, de la douceur de cet endroit singulier.
Elles sont les maîtresses de cette Maison des familles. Etre accueillies dans un lieu chaleureux, agir ensemble, discuter entre parents, partager un café, raconter des histoires, voilà ce qui est promis aux familles qui frappent à cette jolie porte. Je viens éprouver cette promesse ce matin, vivre un peu de ce qui se vivra par tous les petits avec des parents un peu déboussolés. Car si l’on vient dans cette maison, qui n’est pas la sienne, c’est que précisément on en a pas ou plus, ou que le toit sous lequel on vit ne permet plus vraiment de faire famille.
La fondation des Apprentis d’Auteuil et l’association des Cités, aidées par la CAF de la Gironde, la Ville de Bordeaux et le Conseil départemental, ont ouvert cette maison à Bordeaux.
Karine nous sert de guide, concentrée à nous transmettre, à partager. Je décide de vous parler de deux bouts de cette conversation apaisante qui donne la force de se battre, notamment en politique…. pour permettre à tous ces gens exceptionnels de continuer à tout donner aux autres.
D’abord la cuisine, dans laquelle sont organisées des tables ouvertes : les mamans, au statut juridique menaçant, reprennent les gestes de leur vie d’avant, cuisinent et donc transmettent à nouveau à leurs petits l’attention maternelle autour d’un repas que l’on a choisi, comme la trace de son histoire. Elles apprennent aussi la cuisine des autres, s’amusant de ce qui est commun aux autres pays et au nôtre. Elles partagent et apprennent tout en s’amusant dans une bulle de légèreté que leurs petits peuvent capter pour avancer.
C’est tellement évident que pouvoir faire le repas c’est faire famille, amitié et donc société. C’est tellement évident que laisser chaque individu accéder à la confection de son repas c’est faire humanité sans utopie, mais au contraire de manière très pragmatique.
Et puis la salle de bain… Et tandis que Karine, inséparable de son sourire bienveillant, nous raconte l’histoire de cette maman vivant le plus souvent seule avec ses deux petits, qui a pu avoir un moment autour du bain, impossible dans son chez elle, qui ne le permet pas, pour raviver les liens maternels, une bénévole nous salue : son sourire à elle est plus profond encore. Il prend racine, j’en suis certaine, dans des dizaines d’années de fraternité active. Karine aura le même un jour, c’est certain.
Nous repartons avec Alice à vélo, avec celle qui m’accompagne partout, tout le temps avec ses 20 ans de moins que moi, avec le regard de cette jeunesse interloquée par « le politique » en général.
Nous repartons remplies et reconnaissantes de ces sourires dans la ville. Ici, dans cette maison, on permet aux familles d’en être complètement, en leur redonnant leur dignité, leur autonomie et leur trajectoire de vie.
A Bordeaux, nous avons décidé dans chaque quartier d’ouvrir des Relais popotes, ces tables ouvertes…
Mon prochain article, la semaine prochaine sera consacrée à 2 ou 3 éléments de la politique nationale familiale, puisque j’ai désormais rejoint le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge et que je vous avais promis de vous tenir au courant.