Je suis adjointe au maire en charge de la cohésion sociale et territoriale à Bordeaux. Je déploie dans ce cadre notre Pacte de cohésion sociale et territoriale. Je vous en reparlerai notamment prochainement au travers de notre Appel à projets qui accompagne l’innovation dans les quartiers.
Je suis aussi Conseillère régionale de la Nouvelle Aquitaine. Ces deux collectivités, comme d’ailleurs toutes les institutions, ont une responsabilité immense à l’endroit de notre jeunesse. Désabusée, sidérée par ce qu’elle entend et entrevoit pour son avenir, elle a cependant compris que le service civique est une dynamique pensée et animée pour elle exclusivement. Réponse insuffisante pour lui redonner confiance en nous et en elle, le service civique constitue tout de même une avancée majeure dans la construction d’un modèle alternatif.
Lors de la dernière plénière du Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine, lundi 13 février, je suis intervenue au sujet de la politique régionale en la matière, que la majorité en place nous présentait. Je suis favorable à l’extension à tous les âges de ce service civique, convaincue qu’il est un moyen de remobiliser certains publics et de réincarner collectivement la République dans sa dimension fraternelle.
Je partage avec vous mon intervention :
« Monsieur le Président, mes chers collègues,
Tout le monde reconnaît dans cette assemblée, j’en suis certaine, l’intérêt du service civique. Je ferai tout de suite deux remarques préliminaires.
> Il y a un risque à faire faire aux jeunes en service civique, parfois fragiles, des missions auprès de publics qui peuvent l’être aussi.
> Il y a une vraie voie d’autonomie à creuser et un jour à généraliser en permettant aux jeunes en service civique de conduire des projets et des missions qu’ils ont pensés eux-mêmes plutôt que ceux conçus et pensés par d’autres qu’on leur assigne.
Je crois que le programme d’Unis Cite « Rêve et Réalisé » et celui de la FabriK à DécliK sont, à ce titre, remarquables.
Je me suis référée au discours de François Hollande après les attentats pour comprendre cette délibération et au rapport annuel de l’agence de service civique 2015 (celui de 2016 n’étant disponible qu’à la fin du mois). Le Président de la République voulait que tous les jeunes souhaitant s’engager le puissent. Lors de ses vœux à la jeunesse, il voulait que 110000 jeunes aient effectué un service civique en 2016 pour atteindre 350 000 en 2018 et la moitié de la classe d’âge avant 2020.
Il y a donc à produire, dans chacune de nos régions, un effort énorme. Combien y-a-t-il de jeunes dans notre Région de 16 à 25 ans ? C’est important de connaître ce nombre et je regrette qu’il ne soit pas mentionné en tant que tel dans la délibération car c’est au regard de ce nombre que celui des 9 000 jeunes entrés en 2016, dans notre Région, peut-être justement apprécié et que nous saurons alors quelle est l’ampleur de l’ambition à déployer jusqu’en 2020.
Vous rendez-vous compte que cette année, malgré la progression d’offre de missions au local de 70% par rapport à 2015, vous n’avez atteint que 85% de l’objectif décidé.
Au niveau national pour atteindre les 150 000 missions dont 105 000 nouveaux volontaires en 2017, il faudra augmenter de 63 % les objectifs de 2016. Quelle devra être l’augmentation au local ?
Rentrons dans les détails. Et précisément concernant ces 9 000 jeunes entrés en service civique en 2016 dans notre Région, nous n’avons pas dans cette délibération suffisamment d’informations. Les connaître nous permettrait pourtant, là aussi, de mieux appréhender votre proposition. Dans l’inconnu, j’ai donc plusieurs questions à vous poser.
> En termes de répartition géographique, y-a-t-il toujours une différence entre les départements (en 2015 – 9 % de la proportion des 16-25 ans en Dordogne étaient engagés en service civique – 14 % dans les Pyrénées-Atlantiques). Vous proposez d’allouer une bonification de 100 € par mission pour la création ou le maintien de missions en milieu rural. Pourquoi ne pas avoir proposé de soutenir particulièrement les départements les moins dynamiques ? Pourquoi ne pas avoir fléché un dispositif spécifique pour les quartiers Politique de la ville ?
> En termes de répartition des entrées sur l’année dont on sait qu’elles sont toutes déséquilibrées vers le 3e quadrimestre. Quelles mesures envisagez-vous pour les rééquilibrer tout au long de l’année ?
> En termes de niveaux d’étude, par exemple avec la sous représentation des niveaux CAP/ BEP, quelle mesure va nous permettre de corriger les anomalies ?
> Concernant la nature des aides que vous proposez d’octroyer, je regrette que vous n’ayez pas pris le soin dans cette délibération de préciser le montant exact des aides pour la BAFA, BAFD…
Qu’en est-il exactement pour les aides individuelles à la mobilité. Les pays de la Loire comme les départements de Loire et Cher et de Meurthe et Moselle ont opté pour la gratuité. La Bretagne donne une prime de 100 € par mois en fin de mission aux engagés dans les secteurs de l’environnement, du soutien scolaire, de l’handicap, d’une association…
> Enfin concernant le développement de l’offre de missions. Combien la Région prend elle en charge de service civique directement ? (Par exemple Guyenne 128 – Bretagne 2. Bordeaux fait partie des 10 communes accueillants le plus de volontaires -31).
Je m’arrêterai-là. Mais nous regrettons profondément de ne pas avoir d’éléments de diagnostic clairs pour appréhender l’exact effort, notamment financier, à produire et les mesures précises pour atteindre les objectifs d’ici 2020.
Dans cet esprit, le groupe LR / CPNT votera favorablement l’amendement de nos collègues de l’UDI vous demandant de retirer cette délibération en l’état. »